Publié le 03/10/25 par Nicolas DUBOSCQ

Jules Mosser : « Le jour J, je ne gère presque plus rien, le travail a été fait avant. »

Directeur technique du Stade Laurentin Natation, Jules Mosser revient sur une saison record et présente les ambitions de celle qui commence.

Bonjour Jules, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés, nous nous étions arrêtés au Championnat de France Juniors. Depuis, il s'est passé pas mal de choses, notamment les Championnats de France N2 Seniors, fin mai, où vous aviez des représentants en lice. 

Effectivement, les Championnats de France Juniors sur lesquels on s'était quittés ont donné de beaux résultats. Dans la foulée, il y a eu les Championnats de France Nationale 2 pour lesquels les résultats ont aussi été très sympathiques. Karl Métayer, qui a arrêté cette année pour entrer en prépa, s'était qualifié pour les Championnats de France N1. Il est reparti avec une qualification pour les Championnats de France Elite toutes catégories. C’est un beau résultat, surtout quand on sait qu’à cet âge-là, les nageurs en face s’entraînent quasiment deux fois plus que lui en termes d’horaires hebdomadaires. C’était vraiment un résultat très intéressant. Nolhan Monet n’est pas passé très loin de la qualification. C’était une surprise, car on ne s’attendait pas à ces résultats-là. Il a été sérieux, il a travaillé, et ça a très bien marché. Et puis, il y avait Lisa Raljevic, habituée de ces championnats, qui a été un peu plus en difficulté. Mais elle n’a pas démérité. Elle est restée combattive tout du long. Elle nous a surpris par son état d’esprit : elle a réussi à être performante sur les dernières épreuves, là où on peut avoir tendance à se relâcher. Elle est restée très combative pour aller chercher son meilleur temps sur son 200 papillon.

Peux-tu rappeler les nages des deux premiers ? 

Karl s’est qualifié sur le 50m crawl. Lors des Championnats de France Nationale 2, les quatre premiers de la finale A sont automatiquement qualifiés pour les Championnats de France N1. Il a terminé tout juste quatrième, donc ça passe. Il n’était qu’à un dixième du temps de qualification au temps, donc c’était très bien. Nolhan Monet a été très performant sur 50 et 100 dos, particulièrement. Une nage très propre, très bien placée, vraiment très intéressante. Lisa, c’était plutôt 50-100-200 papillon, et elle a terminé avec un très bon 200 papillon.

Les plus jeunes avaient aussi un rendez-vous important fin juillet ?

C’était du 16 au 22 juillet. Un Championnat de France open, l’équivalent d’un Championnat de France Juniors bis. Très intéressant. Nous avions deux nageurs présents : Arthur et Lily. Arthur a été champion de France sur 100 et 200 papillon en décembre, puis à nouveau en avril. Il arrive là-bas en fin de saison, il y a de la fatigue pour tout le monde, mais il réussit à aller chercher deux titres sur 100 et 200 papillon. Et surtout, il vient aussi chercher une meilleure performance départementale sur le 200 papillon, et il le fait avec la manière. Il décroche également une médaille de bronze au 50 papillon, assez inespérée car il est peut-être un peu moins sprinter. La finale était très serrée, mais il fait la course qu’il faut au bon moment. Elle fait autant plaisir que les titres de champion de France. Pour Lily, on avait débriefé en avril qu’elle avait eu du mal à performer. Là, on a vu un vrai changement d’état d’esprit. Elle était déjà qualifiée, on l’a préparée pour cette compétition, et ça s’est vu : elle a fait un « all-in », que des meilleurs temps. Elle était classée avec des nageuses qui avaient un an de plus, donc il a fallu se battre d’autant plus pour aller chercher des finales, ce qu’elle a su faire. Elle est aujourd’hui classée dans les dix meilleures françaises sur le 50 dos. Avec Arthur, ils partent aux Championnats de France Juniors Petit Bassin mi-décembre, à Angers.

Quel bilan tires-tu de cette saison ? On peut parler d’année record ? 

En tant qu’entraîneur, c’est clairement une saison record, avec beaucoup de positif. On parle énormément des nageurs qui font les championnats, et c’est extra. Mais, on a encore des nageurs qualifiés pour les France Benjamins, qui auront lieu fin décembre. Je suis très content du travail qu’on a pu fournir avec les autres coachs l’an dernier : Nicolas Biancoli qui gère les 6e-5e et travaille très bien avec eux, ce qui fait que moi quand je les récupère j’ai plus qu’à les emmener à des championnats. Je pense aussi à Olivia Manuelian, qui était chez nous l’an dernier et qui a fait un super travail sur nos écoles de natation. Cette année, c’est Laurent Flavenot qui la remplace, un nouvel encadrant, et ça a l’air d’être de la même trempe. Très bons résultats, très bonne fin de saison. On l’entame hyper confiants, avec des nageurs gonflés à bloc, des plus jeunes qui s’inspirent de ce qu’on fait, des plus grands qui se font booster par les plus jeunes. Et un bureau qui tourne à plein régime, ce qui nous aide énormément.

Comment gère-t-on une reprise après une telle saison ? 

Il y a un coach qui m’a fait une remarque. Elle était dure mais elle remet les pieds sur terre. Quand j’arrive tout content de la médaille d’un de mes nageurs, il me dit : « Super, il a gagné un championnat départemental au niveau international. » Ça remet les choses en perspective ! Je reste très content de ce résultat-là, mais si on regarde ce qui se passe dans la natation mondiale, il y a encore plein d’étapes à franchir. La finalité, c’est de préparer les nageurs pour qu’ils soient performants et qu’ils s’éclatent. Notre rôle en tant qu’entraineur et encadrant, c’est de faire en sorte qu’ils prennent du plaisir dans ce qu’ils font, qu’ils soient suffisamment performants pour vivre ces expériences-là. Il faut les accompagner, continuer à faire ce qu’on fait de mieux, les entraîner et les préparer au quotidien. Le plus important, c’est de les garder motivés. C’est du 50-50 : s’ils ne s’investissent pas, ça ne marche pas. Si je ne m’investis pas, ça ne marche pas non plus. Il faut que ce travail soit bien réparti tout au long de l’année.

Et toi, qu’est-ce que tu en retires personnellement de cette belle année ? 

Plein d’apprentissages, que ce soit dans la gestion des compétitions ou dans l’approche mentale. Tous les athlètes ne réagissent pas aux mêmes stimuli pour se mettre en condition avant les courses, et ça a été un des points clés cette année pour moi. Au-delà des grosses compétitions, j’ai aussi beaucoup appris sur les groupes des plus jeunes, sur la manière de gérer le club pour garder un vivier permanent. L’objectif, c’est qu’on ait toujours une relève, qu’on ne se dise pas que c’était une année de chance et que les suivantes ne suivent pas. On veut que ça continue. Donc j’ai aussi adapté mon approche sur ces groupes-là pour maintenir un niveau constant et continuer à embêter les gros clubs.

Un nouvel exercice débute. Quels sont les objectifs de cette année ?

On a deux gros objectifs qui arrivent en décembre : les Championnats de France Juniors* avec Lily et Arthur, et les Championnats de France Benjamins. Les qualifications ne sont pas terminées, mais on a déjà deux représentants du club : Noé Roda-Amier et Momoka Wakabayashi. L’idée, c’est qu’Arthur conserve ses titres, que Lily embête un peu plus les filles devant, car au classement national, on n’est plus très loin des podiums. Noé devra conserver ses titres et peut-être en chercher d’autres. Pour rappel, il ira aux France Benjamins en tant que champion de France du 200 4 nages et double vice-champion du 50 et 100 nage libre et quatrième sur plusieurs épreuves. L’objectif est de faire grandir ce palmarès. Momoka a démarré la natation très tard. L’objectif, c’est qu’elle prenne de l’expérience, un peu comme Lily à ses débuts. Ce n’est plus juste un objectif d’aller au championnat désormais l’objectif est de performer là-bas. On fait les choses par étapes, ce sont des enfants jeunes, on prend le temps. Mais, le premier vrai objectif de la saison sera mi-novembre avec les Interclubs toutes catégories. Cette année, on est en poule A ! On va se bagarrer avec l’ONN, Antibes, Monaco, tous ces gros clubs. Ce qui est intéressant, c’est que c’est une compétition par équipe, une des rares de la saison. On va pouvoir tester, voir où on se situe par rapport à ces clubs-là, et surtout s’amuser.

*prévus du jeudi 18 au lundi 22 décembre 2025

Quel regard portent désormais les clubs rivaux sur le Stade Laurentin Natation ? 

Quand je partais sur mes premiers championnats, on débarquait avec peu de nageurs, on n’était pas le club qui prend de la place au bord du bassin. Avec nos petits piranhas sur le t-shirt, on n’était pas les plus impressionnants. Mais au fil des compétitions, on est devenus de plus en plus présents. Et surtout, on a eu des résultats ! On voit progressivement qu’on a créé des liens intéressants avec les autres coachs, des discussions qui amènent de la réflexion. On ne les inquiète pas encore, mais on les surprend, et ça, c’est très satisfaisant. Ce que je dis aux nageurs pendant une compétition, c’est que j’adore partir avec eux parce qu’on me félicite sauf que moi je ne suis pas dans l’eau. Le jour J, je ne gère presque plus rien, le travail a été fait avant. En tant qu’entraîneur, c’est flatteur, et pour les nageurs, c’est important pour les mettre en confiance. Je leur dis que des coachs viennent me voir pour me féliciter, donc par extension les féliciter eux. Ça les galvanise, ça les met en confiance, et ça montre l’impact de leurs résultats sur leurs adversaires. Si les coachs les remarquent, les nageurs l’ont vu ou vont le voir. On commence à inquiéter deux ou trois clubs, et c’est chouette.

Toujours heureux d’être dans l’aventure laurentine ? 

Toujours heureux. Les résultats de l’année dernière ont amené une petite restructuration de notre méthode de travail, ce qui devrait encore mieux fonctionner cette année. Le bureau est hyper actif. Pour la période d’inscription, la réaction a été impressionnante. Je pense que certains clubs avec des secrétaires payés rêveraient d’un bureau comme le nôtre. Le travail fourni a été monstrueux. Quand le travail est commun entre les membres du bureau et les entraîneurs, c’est idéal. On veut tous aller dans le même sens. Si on n’a pas de solution tout de suite, on fait en sorte d’en trouver une. C’est top.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette saison ? 

Une belle suite. L’an dernier, on termine la saison avec une dizaine de médailles sur des championnats de France, toutes compétitions confondues. Je suis preneur pour en faire quelques-unes de plus. Et puis, il y a nos nageurs qui seront en attente de ça en fin de saison. Certains vont chercher des clubs pour la saison prochaine, car on forme les nageurs jusqu’à la fin du collège. L’idée, c’est qu’à partir du lycée, ils partent dans des structures capables de les accueillir en sport-études. Je leur souhaite de trouver les bonnes structures pour les accompagner. Si jamais ils ne trouvent pas, on fera chez nous, et pour l’instant, on a vu que ça marchait très bien. Ce sera peut-être plus confortable ailleurs, mais l’essentiel, c’est qu’ils puissent partir dans les meilleures conditions possibles.