Sous un grand soleil, Michel Cornevaux affichait un large sourire. L’affluence était au rendez-vous du Souvenir Andreï Kivilev, avec 341 coureurs présents et 17 clubs. Annulé l’an dernier pour raison technique, ce rassemblement a été institué il y a 14 ans afin de rendre hommage à l'un des coureurs les plus talentueux du début des années 2000. « Par le passé nous avions mis en place deux brevets, l’un de 100 kilomètres, l’autre de 150 kilomètres. Désormais, faute d’un encadrement suffisant pour assurer l'organisation et la sécurité des participants, nous nous sommes tournés vers un rassemblement cyclotouriste. Cela permet de perpétuer la mémoire d'un coureur fauché alors qu'il commencé à tutoyer les sommets », explique le président du Stade Laurentin. Révélé, à l'âge de 27 ans, après sa quatrième place au Tour de France 2001, le grimpeur kazakh trouva pourtant la mort deux ans plus tard alors qu’il s’apprêtait à attaquer l’ascension du col de la Croix de Chabouret lors de la 2e étape du Paris-Nice. « A l'origine, nous avions nommé ces brevets La Laurentine. Et puis, Alexandre Vinokourov étant venu s'installer à Gattières, il était devenu le parrain du club. En hommage à son ami d'enfance avec qui il est arrivé en France en 1997 à Saint-Etienne, nous avons décidé de l'honorer en lui donnant le nom de Kivilev en 2006 », explique Michel Cornevaux.
Débarqué de son Kazakh natal en compagnie de son compatriote Alexandre Vinoukorov, le jeune Kivilev signa son premier contrat professionnel chez Festina en 1996. Il vivait avec Vinokourov et sa copine dans un HLM de 3 pièces en sortie d'autoroute de la banlieue stéphanoise. C'était un pur guerrier de l'Est. A cette époque, avec son équipe nationale, il s'entraînait à la dure : plusieurs mois dans les montagnes du Kazakhstan, des courses en Afrique du Sud ou à Cuba et personne pour lui laver son cuissard et son maillot.
Il avait été repéré à l’époque par Antoine Vayer, qui devint son entraîneur, dans des épreuves cyclotouristes qu'il courait avec son compère Vinokourov et que les deux hommes remportaient avec plus de 10 minutes d'avance sur tous leurs concurrents. L'entraîneur s'était rapidement pris d'amitié pour "un mec d'une gentillesse rare dans un milieu aussi cynique". Et l'entraîneur au franc-parler résumait ainsi le personnage: "Il a toujours été hyper-professionnel, avec tout le sérieux mais aussi les travers que cela comporte". A commencer par celui d'avoir négligé de mettre son casque à l'approche de la ville où il voulait tant briller. C'est d'ailleurs à la suite de ce tragique accident que l'UCI rendra obligatoire le port du casque en compétition.