Alors que la situation sanitaire commence à s’améliorer par petites touches, la planète sport est encore loin de toucher au but. Et d’entrevoir le bout du tunnel. En effet, le public devra encore patienter avant de reprendre le chemin du stade ou d’assister à un match de basket, de volley ou de handball en salle. Ce mardi 17 novembre , à l’issue d’une réunion de près de deux heures et demi avec l’ensemble des acteurs du monde sportif professionnel et amateur, Emmanuel Macron a en effet écarté l’idée d’un retour des spectateurs avant, au minimum, le début de l’année prochaine.
En visioconférence avec notamment Bernard Laporte, président de la Fédération française de rugby ; Tonny Estanguet, président du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris-2024, ou encore avec Jean- Pierre Caillot, président du Stade de Reims et du collège de Ligue 1, le chef de l’État s’est, néanmoins, engagé à donner plus de « lisibilité » aux clubs courant janvier. Cette promesse restant bien entendu suspendue à l’évolution de la pandémie. Une certitude : si retour des supporters dans les enceintes sportives il y a – fin janvier-début février dans le meilleur des cas – il ne se fera que de manière progressive. Et selon des jauges adaptées. En clair : les matchs à guichets fermés ne sont pas pour demain.
Un plafond à 5 millions
Mais dans l’immédiat, c’est une réponse d’urgence qu’a apportée, mardi, le locataire de l’Élysée. Distinguant bien le secteur professionnel du secteur amateur. Pour le premier, si la plupart des compétitions ont repris, avec plus ou moins de bonheur et de difficulté, une constante demeure : le huis clos imposé pèse lourdement sur les finances des clubs. En particuliers sur les plus fragiles. Et sur les disciplines les moins irriguées par la manne des droits télé. À cet égard, le chef de l’État a annoncé avoir obtenu le feu vert de la Commission européenne pour débloquer un fonds de compensation à hauteur de 110 millions d’euros afin d’amortir les pertes de billetterie. Et ce, pour l’ensemble des clubs professionnels masculins et féminins. Mais aussi pour les fédérations. Avec une nuance cependant : le montant de cette aide a été plafonné à 5 millions d’euros par club. « Ceci afin que deux ou trois clubs ne captent pas la totalité de ce montant », souligne l’Élysée. Pour l’heure ce dispositif est prévu pour aller jusqu’à la fin de l’année.
Par ailleurs, les clubs bénéficieront d’une nouvelle exonération de charges sociales pour les mois d’octobre, novembre et décembre. Ce qui leur permettra d’économiser 35 millions d’euros. Enfin, des négociations ont été ouvertes avec la Commission européenne pour ouvrir 20 milliards d’euros de prêts à taux préférentiels. Les clubs professionnels y seraient éligibles pour consolider leurs fonds propres. Et permettre d’envisager l’avenir.
L’érosion des licences
Si la situation est difficile dans le sport professionnel, elle est tout aussi inquiétante chez les amateurs où les clubs doivent à la fois composer avec la fermeture de leurs activités et le non-renouvellement des licences. Selon les derniers chiffres du Comité national olympique français, depuis septembre, la baisse des adhésions est de 20 %. Sur ce point, le chef de l’État a annoncé une enveloppe de 20 millions d’euros, pris sur les fonds du plan de relance dédié au sport, pour compenser ce manque à gagner souvent déterminant pour la pérennité financière des clubs.
Autre mesure destinée, là encore, à assurer l’avenir de ces structures : la création, dès 2021, d’un Pass sport afin de financer l’adhésion des jeunes issus des milieux les plus modestes. Montant de l’opération pour l’État : 100 millions d’euros.
Par ailleurs, le service civique viendra en appui du monde amateur en leur affectant près de 5 000 postes pour soutenir le bénévolat. Coût de l’opération : 20 millions d’euros.
Enfin, un fonds d’urgence de 15 millions d’euros sera ouvert pour les plus petites associations. Alors que le sport a déjà reçu 4 milliards d’euros d’aides – fonds d’urgence, chômage partiel...– depuis le début de la pandémie, mardi, c’est un total de 400 millions d’euros de mesures supplémentaires qui a été annoncé. Mais ces grandes lignes devront, pour la plupart, être précisées en détail par la ministre des Sports, Roxana Maracineanu.