Aux paroles, un sportif préférera toujours se référer aux actes. En cette période troublée et inédite, ce postulat n’a jamais été aussi manifeste. Tout en bas de la pyramide du sport français, quelque 150 000 clubs ont besoin d’aide pour traverser les sables mouvants du Covid-19.
À leur intention, le CNOSF a dévoilé de nouvelles mesures censées favoriser leur rebond. Leur détail avec Denis Masseglia, le président du mouvement sportif tricolore.
Depuis des mois, on a beaucoup parlé des aides pour soutenir le sport pro. N’était-il pas temps de s’intéresser aux amateurs ?
Disons que l’urgence n’était pas la même. Les clubs pros ont été tout de suite impactés. Dans le milieu amateur, en mars, le financement était acquis grâce aux aides publiques et ,aux cotisations. Aujourd’hui, les clubs se trouvent dans l’incertitude. Est-ce que leurs adhérents vont revenir, leurs animateurs ? Le milieu du sport amateur a besoin de rebondir. Nous sommes là pour l’aider.
Êtes-vous inquiet pour y parvenir ?
Je suis surtout impatient qu’on revienne à une vie normale. Presque tous les clubs ont mis en place des protocoles sanitaires pour accueillir des licenciés. Mais une épée de Damoclès pèse toujours. Il est impossible de tout contrôler.
Le gouvernement vient de débloquer une enveloppe...
Oui, un pas important a été franchi lors d’une réunion avec le Premier ministre Jean Castex, samedi dernier. Dans le cadre d’un plan de relance global, une enveloppe de 120 millions d’euros sur deux ans a été allouée à la relance du sport amateur.
Le sport amateur s’est aussi trouvé des alliés avec l’école…
Grâce au rapprochement avec le ministère de l’Éducation nationale, nous allons pouvoir promouvoir l’activité sportive en club.
Existe-t-il une mesure concrète ?
La création au 1er septembre de la Carte passerelle. Elle autorise les écoliers de CM1 et CM2 licenciés en sport scolaire à tester gratuitement deux mois durant les sports de leur choix. Pour un début, 8 000 clubs se sont portés volontaires. Il suffit d’aller sur notre plateforme « Mon club près de chezmoi », qui recense désormais 99 % des clubs. Tous ont compris leur intérêt à y figurer.
En mai, en plein confinement, a été mise en place l’opération « Soutiens ton club », sur la base d’un financement participatif. Quel premier bilan en tirez-vous ?
Près de 800 000 € de dons ont été récoltés sur cette plateforme. Il reste du chemin à faire car seuls 5 000 clubs se sont inscrits. Certains n’ont bénéficié d’aucun don. Pour eux, nous allons débloquer une enveloppe de 300 000 €.
Comment financez-vous cesopérations, avec aussi votre campagne nationale de communication ?
En réorientant la répartition de notre budget. Cette année, la plupart des événements que nous devions organiser n’ont pu avoir lieu. Cet argent non dépensé va donc au soutien du monde sportif.
La pandémie a eu pour effet d’éveiller beaucoup de gens à la pratique sportive. Cela va dans le bon sens non ?
Il faut s’en réjouir. Mais cela ne fait qu’une nation de sportifs. Nous aurons une nation sportive lorsque le sport sera placé au coeur de la société, comme la santé, l’éducation. Nous avons besoin d’un pays qui investisse dans le sport sur le long terme.
Parce qu’il y a la perspective de Paris 2024 ?
Les Jeux à Paris feront figure d’accélérateur pour tendre vers cette nationsportive. Hélas, le présent est conditionné par le Covid. C’est ce qui préoccupe les gens, et je le comprends. Pour eux, Paris 2024 semble encore très loin.
« Une allocation de rentrée scolaire en septembre 2021 »
Avez-vous d’autres projets à plus court terme ?
Oui, par exemple nous planchons sur la création d’une allocation de rentrée scolaire financée par l’Agence nationale du sport, qui consacre déjà 200 millions d’euros au développement de la pratique. Cette allocation aiderait les familles plus modestes à inscrire leurs enfants dans un club. Mais elle ne pourra pas voir le jour avant la rentrée 2021.
Votre troisième mandat prendra fin en juin 2021 et vous ne pourrez pas en briguer un autre, limite d’âge oblige. N’auriez-vous pas aimé poursuivre jusqu’à Paris 2024 ?
Écoutez, j’ai milité pour cette mesure, donc je ne me vois pas ne pas donner l’exemple…Le principal, c’est que la France ait obtenu les Jeux. J’espère juste que mon successeur s’inscrira dans les projets que nous avons initiés…