Publié le 10/04/24 par Nicolas DUBOSCQ

José Galluccio : « Moi, je fais ça comme quelque chose de familial ! »

Cette année, le Stade Laurentin Karaté célèbre ses 40 ans ! Une occasion donnée à la rédaction de rencontrer la figure emblématique de ce club familial, José Galluccio, afin de faire une relecture de ces quatre décennies d’existence et de partage.

(Photo de couverture : Dessin brodé sur le kimono de José à l'occasion des 40 ans du Club)

Bonjour José ! Pouvez-vous nous indiquer quelle a été votre motivation pour fonder le Stade Laurentin Karaté ?

Au départ, j'ai créé cette section parce que j'étais compétiteur. J'allais sur Nice pour m'entraîner. Et du fait que c'était assez loin de chez moi. J'habitais à Montaleigne à l'époque et j'y habite toujours. Ça me faisait un peu plus de 15 kilomètres pour y aller et 15 pour revenir à chaque fois.

J'ai fait cela pendant quelques années ! Mais après, je me suis dit : « qu'il va falloir que je m'arrange à trouver quelque chose de plus près chez moi pour que je puisse m'entraîner en plus ». J'ai donc demandé s'il y avait la possibilité d'avoir une salle à Saint-Laurent-du-Var.

J'ai fait cette démarche en 1982. Et après, je me suis dit : "pourquoi ne pas créer une association, un club ?" Et, je l'ai monté avec mon beau-père !

Mon beau-père était inspecteur de police à l'époque. Je lui ai proposé s'il voulait bien être président. Comme dans son entourage, il avait pas mal d'amis. Je lui ai dit : "Écoute, tu n'as qu'à voir un peu autour de toi, si tu as des gens qui sont motivés. Et moi, je vais voir aussi de mon côté si on peut créer ce club".

Et donc, nous avons créé le club en 1983 ! Et depuis, ça a perduré ! On a commencé par 24 adhérents la première année. Petit à petit, le nombre de licenciés a grimpé

Revenons sur le type de karaté que vous proposez, c'est-à-dire le Shidokan. Quelles sont les valeurs que le Shidokan cherche à transmettre à ses pratiquants ?

En fait, au départ, quand j'ai créé le club, c'était du Kyokushinkai. C'est un autre style similaire à celui-ci. La seule différence réside dans le fait qu'il n'y a pas de saisies et ni de projections.

J'ai adopté plus tard le Shidokan. Les valeurs du Shidokan ? C'est comme tous les sports, tous les arts martiaux normalement.

Si on suit bien les règles des arts martiaux japonais : il y a déjà le respect de soi et le respect des autres. Le respect de soi commence par le fait qu'on vient propre à l'entraînement... Le respect des autres lors des entraînement et dans la « dureté » de ces derniers. La dureté de l'entraînement pour pouvoir dépasser certaines étapes assez difficiles. Dans le respect, vous avez tout !

Il y a aussi la loyauté ! C'est-à-dire rester loyal avec soi-même et surtout loyal envers son maître. Loyal aussi envers les propos qu'on tient "on dit ce qu'on fait et on fait ce qu'on dit".

Vous êtes professeur depuis un petit moment... Quelle est la plus grande leçon que vous avez reçue en tant que professeur ?

La plus grande leçon, c'est l'humilité ! Parce qu'au départ, quand on est les champions du monde, on croit qu'on peut tout faire ! Mais quand on s'aperçoit qu'on n'est pas grand-chose... on est aussi faible que n'importe qui !

Nous sommes vulnérables. La plus grande leçon que j'ai apprise, c'est l'humilité. C'est-à-dire se garder de dire des choses qui ne sont pas fondées. Apprendre justement à respecter cette différence qu'il peut y avoir entre être et être humain. Donc, l'humilité d'abord, sans oublier le respect !

40 ans de Stade Laurentin Karaté. Quel est le secret de la longévité de ce club ?

Je pense que la passion n'a pas de limites ! Mais, il est vrai que ça dépend de certains éléments.

Cela vient du fait que j'ai toujours été assidu, que j'ai toujours respecté les horaires. "Avant l'heure et après l'heure ; Arriver tôt et partir tard !"

C'est aussi donner des valeurs. Ces mêmes valeurs que je vous ai citées précédemment.

Donner ces valeurs à nos adhérents et aux élèves qui pratiquent cet art martial. Je pense que c'est en les transmettant, que peut-être, ça a permis d'avoir cette longévité jusqu'à aujourd'hui.

Après, il y a aussi l'affection ! Je pense qu'il faut montrer de l'affection pour les gens qui viennent s'entraîner. Moi, je fais ça comme quelque chose de familial ! On est tous des humains, on a tous besoin aussi d'affection. On a besoin de sentiments pour se sentir bien dans un club comme le Stade Laurentin Karaté.

Tous ces petits paramètres, la compassion, l'amitié, l'esprit famille... Toutes ces choses-là, m'ont permis de perdurer longtemps et de ne pas me laisser emporter par la négativité que d'autres personnes viennent vous transmettre.

Donc 40 ans d'existence, quels ont été pour vous le(s) moment(s) le(s) plus mémorable(s) ?

Ça a toujours été des moments forts. Mais, il y a quand même eu un moment très fort ! C'est quand je suis allé au Japon pour le Championnats du Monde 1987 de Kyokushinkai et la rencontre juste avant avec Maître Oyama.

C'était quelque chose de très fort, parce que c'était notre maître à tous ceux qui pratiquaient ce style !

Et quelle est la réalisation la plus marquante du club ?

C'est le premier gala que nous avons organisé à Saint-Laurent du Var en 2004/2005 ! Un évènement où j'ai réussi à rassembler plusieurs pays dont le Japon.

Depuis la création du club, j'ai toujours fait des compétitions interclubs. Des compétitions "Open" pour que mes élèves puissent s'exprimer et pour faire participer les gens de la région.

Mais c'est sûr que le moment fort pour le club, c'est quand j'ai fait le premier gala à Saint-Laurent du Var ! Nous en avons fait trois et le prochain est programmé pour mai 2025.

Pourquoi était-il important de célébrer cet anniversaire ?

Nous fêtons l'anniversaire du club tous les dix ans. Pas chaque année, non ! Et là, c'étaient les 40 ans ! Cette fois-ci, on l'a fait différemment par rapport aux autres fois.

La raison ? Petit à petit, je fais savoir à mes élèves que j'ai besoin d'eux pour prendre la relève.

Certains sont là depuis le début, depuis 40 ans ! D'autres le sont depuis moins longtemps, mais beaucoup sont là depuis 20, 25, 30 ou 35 ans. Ça en fait, quand même, des années qu'ils sont au club. Il est donc devenu leur club ! C'est leur point de rencontre pour pratiquer leur sport préféré.

Ces 40 ans étaient donc le moment de marquer le coup ! Nous voulions les rassembler pour célébrer le club et également leur offrir une fête pour eux.

Dernière question, comment envisagez-vous l'avenir du club ?

Ce que je voudrais ? C'est que tout cela perdure dans le temps ! Avec les mêmes valeurs que j'ai essayé de transmettre tout au long de ces décennies. Ce sont des valeurs qu'on doit utiliser au quotidien. Pas seulement à la salle, chez soi aussi. Donc disons que, ce que j'aimerais, c'est que ce club continue dans la même dynamique, avec un état d'esprit sain, pour que justement les gens se sentent bien.

Je ne veux pas que ce soit un lieu où les gens sont contents de partir ! C'est tout le contraire ! Je veux que, quand il est l'heure de partir, on ait envie de rester. C'est ça ma motivation !