La salle Pagnol, rue Albert Camus est plongée dans un profond silence. Assourdissant. Seuls les pas de José Galluccio résonnent sur le parquet.
Plus de katas. Plus de combats. Plus de cris.
Rien que des fantômes qui hantent désormais les lieux.
L’entraîneur, cofondateur du club il y a 38 ans, en a les larmes aux yeux. « Depuis le 14 mars, date du dernier cours lors duquel j’ai prévenu les licenciés du confinement, plus personne n’est venu ici. C’est la première fois que je vis ça. Je ne peux pas me l’expliquer. Je n’ai pas les mots. Je venais à la salle mécaniquement, c’était une habitude. Pour le karaté… mais aussi pour le bonheur de retrouver les adhérents de tous âges, de tous niveaux. Ces moments de partage, ces échanges me manquent terriblement ».
Cours virtuels
Cet homme, si fort, si aguerri, karatéka de très haut niveau, se trouve totalement dépourvu face à un ennemi invisible dont on ne connaît, in fine, que le nom.
Le Covid-19, qui infecte les gens. Les éloigne surtout…
Mais José Galluccio n’a pas baissé les bras. Il est revenu sur les lieux de tous les exploits de la section karaté du Stade Laurentin. Il est monté sur le tatami, a grimpé les escaliers le menant à son bureau afin de récupérer le fichier des adhérents.
Numéros de téléphone, adresses mail, le maître en kimono a ainsi pu regrouper virtuellement tous ses élèves. « J’ai filmé des vidéos pour qu’ils puissent répéter les gestes les plus précis possibles à la maison. Je leur ai également demandé de se filmer afin de corriger les postures. J’ai également mis sur pied des cours virtuels. Il est impératif de peaufiner la technique. Mais c’est très difficile. Vous savez, au karaté, nous sommes obligés d’avoir un partenaire pour travailler. Il ne s’agit pas d’un cours de français ou de mathématiques ».
La compétition de haut niveau entre parenthèses
Et les meilleurs des karatékas sont également contraints de « faire ceinture » sur leurs ambitions légitimes. Marlone Urzia et Axel Allong, deux des meilleurs espoirs du club, sont dans cette impasse. « Ce sont deux jeunes très prometteurs. Hélas, la compétition de haut niveau est, elle aussi, à l’arrêt. On verra par la suite… »
Autre aspect touché par le Covid-19, et non des moindres, les finances du club. José Galluccio, seul salarié du club, est désormais au chômage partiel. Les adhésions, en plein essor, ont évidemment subi un coup d’arrêt.
Pourtant, José se veut optimiste. Toujours.
« Je sais que ce sera compliqué pour tout le monde. Mais je n’attends que ça. Le retour à l’entraînement ».
La salle Pagnol aura alors chassé ses fantômes. Les cris se feront de nouveau entendre…
Et José Galuccio retrouvera le sourire. Ce club qui a vu le jour grâce à lui reprendra vie. Une renaissance !