Une joyeuse effervescence emplit la salle Maurice Sauvageot . Nulle trace de judoka mais des enfants (6 à 11 ans) qui affectionnent le justaucorps des lutteurs plutôt que le kimono. « Pas de cris, on respecte les consignes et on ne tire pas les vêtements », ordonne d’une voix posée l’entraîneur. En cet après-midi, la séance s’avère ludique.
Les jeux s’enchaînent au plus grand bonheur des apprentis en culottes courtes. On rampe, on essaie d’être le plus agile et le plus rapide. On combat à genoux pour mettre son adversaire sur le dos, tout cela « sans oublier de serrer la main ». Les duos équilibrés s’organisent. Contre toute attente, c’est une frêle et discrète blondinette qui s’impose avec énergie. Ce qui démontre qu’à la lutte, « les plus timides peuvent surprendre ».
Depuis quarante ans, le Stade Laurentin a lancé son propre club de lutte, avec un effort affirmé en direction des jeunes pousses. C’est à l’initiative de Maurice Sauvageot, instituteur au caractère bien trempé, que le projet a pris forme. Et s’est notamment développé dans les écoles élémentaires de la ville. « Nous nous sommes aperçus qu’entre 30 et 40 % de nos effectifs jeunes proviennent des cours dispensés dans les écoles », explique Jean-Noël Bahaderian, le président qui avec son frère Philippe Bahaderian, entraîneur depuis 1982 ont pris la succession de leur « mentor ». Le club (125 licenciés) est l’un des meilleurs de Paca en termes de formation et de haut niveau.
La pratique de cette discipline ancestrale améliore le contrôle de soi en favorisant le respect des règles. Ainsi, un jeune de 12 ans au physique imposant s’est imprégné de l’état d’esprit de son sport. « J’apprécie l’idée de ne pas faire mal, de respecter son camarade et d’arrêter immédiatement quand l’autre souffre ». Pour un autre le message est plus simple mais efficace : « J’aime la lutte, et surtout les clés de tête. » Un soir par semaine, le mardi, c’est au tour des parents de s’y essayer. « Je trouve que c’est un sport sain, ludique, avec une discipline de groupe. On ne cherche pas à en faire des brutes », se réjouit cet habitant du centre- ville.
Au-delà de ses valeurs sportives positives, l’école de lutte vise à attirer l’ensemble de la jeunesse laurentine. « Nous avons l’ambition de participer à la mixité sociale en développant le vivre ensemble », glisse Jean-Noël Bahaderian avant que son frère Philippe n’ajoute « La lutte c’est une école de la vie et l’expression n’est en rien galvaudée. Les jeunes peuvent trouver ici un équilibre au travers de la pratique et de l’esprit insufflé. » Cette philosophie d’ouverture trouve d’ailleurs son prolongement dans l’ensemble des initiatives menées par cette dynamique association à l’histoire chevillée au corps.