Coach, pouvez-vous nous présenter votre équipe
Bien sûr ! Je vais tout d’abord revenir à l'origine de l'équipe. Je l'ai récupérée en U17 départemental 2. Nous n’avions que 10 joueurs, mais une base solide avait été construite par mon prédécesseur. Je me suis appuyé sur cette base pour la reconstruire. Ça a été vraiment très difficile parce qu'en D2, c'est compliqué de recruter : nous ne sommes pas attractifs. Mais j'ai réussi tant bien que mal à faire venir plusieurs joueurs. En plus, il ne fallait pas qu'ils soient mutés. Ça a été vraiment compliqué.
Nous avons terminé champions de D2, ce qui était l'objectif. Je leur avais dit, quand je suis venu les rencontrer, que c'était un projet qui pouvait sembler surréaliste. L'objectif était d'atteindre le championnat U20R d'ici deux ou trois ans. L'année suivante, nous sommes montés en U18-1. J'ai remodelé le groupe avec d'autres joueurs parce que nous étions devenus plus attractifs. Mon fils était dans l'équipe, et il avait des copains déçus dans d'autres clubs mais qui jouaient à bon niveau. Ils nous ont rejoints pour renforcer l'équipe. Ça a tout de suite matché. Nous n'étions pas favoris, mais nous avons terminé champions. Ce qui nous a ouvert les portes des U20 région. C'était exceptionnel !
Ce groupe, c'est un groupe de potes ! C'est ce que j'ai voulu construire. À cet âge-là, beaucoup arrêtent. Donc s'ils ne viennent pas pour le plaisir de se retrouver et de jouer, nous les perdons. Nous avons organisé des déplacements pour la cohésion : du camping, un tournoi en Croatie. L'année dernière, nous sommes partis à Salou. Tout ça a créé des liens. Aujourd'hui, je récolte le fruit de ce travail parce qu'à l'entraînement, c'est le sourire, le plaisir, le respect entre eux.
J'arrivais de Saint-Sylvestre où j'avais un groupe formidable. Je me suis dit que ça allait être compliqué de retrouver mieux. Et là, franchement, cette année, je suis tellement fier d'eux que je me régale. C'est ce que j'ai voulu créer. Je me suis privé de certains qui étaient bons, mais dont le tempérament ne rentrait pas dans le moule. Moi, je veux qu'ils se respectent tous, qu'ils prennent du plaisir. Je ne veux pas de stars. Je veux que ce soit l'équipe qui soit la star.
Quelles sont les caractéristiques du joueur de 18-19 ans ?
Le joueur de 18-19 ans, c'est plus compliqué ! Car maintenant, ils veulent sortir, il y a les copines, et ils viennent pour s'amuser. Au niveau district, il n'y a pas de problème. Mais au niveau régional, ça demande plus d'engagement. Ce sont des joueurs qui ont eu leur bac, donc ils sont étudiants. J'ai différents profils : certains sont de gros bosseurs, ils viennent au foot pour avoir une bouffée d'oxygène. D'autres viennent pour s'amuser, pour rigoler. Toutefois, il faut faire des rappels à l'ordre parce que, même si je suis très cool… il y a un moment où il faut comprendre qu’on vient pour bosser. Ce n'est pas la foire.
En résumé, ils aiment s'amuser, sortir, se retrouver, partager des moments. Il faut qu'ils prennent du plaisir. Parce que s'ils n'en prennent pas, cette génération arrête. Cela rend les choses beaucoup plus compliquées à gérer.

Et vous, quel coach êtes-vous ?
Moi, comme coach ? À première vue, certains pourraient dire que je suis trop cool parce que j'aime bien la rigolade. Car pour moi, le football, c'est vraiment le plaisir. Mais j'ai des limites. Et quand elles sont dépassées, je peux péter des câbles. Ce que je veux, c'est créer un groupe porté par le plaisir et le respect. Ne pas se parler correctement, ça je ne le supporte pas.
Par contre, je suis très pointilleux sur tout ce qui est tactique et technique. Je sais ce que je veux. Et quand je vois que ça se reproduit en match, c'est l'aboutissement. Nous avons joué contre une équipe à Marseille ce week-end, ils étaient invaincus. Nous les avons battus 5-3. Le président est venu à la fin et nous a dit « Franchement, vous êtes la plus belle équipe de la poule. C'est un régal ! » Quand j'entends ça, ça me fait plaisir pour eux. Parce que ça veut dire que nous avons réussi, par le jeu, le plaisir et le travail, à être reconnus.
Comment décririez-vous le style de votre équipe ?
C'est une équipe joueuse. Ma philosophie est tournée vers le beau jeu. Le beau jeu, pour moi, c'est de partir de derrière. C’est du jeu court, du jeu avec des combinaisons à deux, à trois. Tous mes entraînements sont basés là-dessus. Ce n'est pas « nous balançons devant » ! Il s’agit d’être très disciplinés défensivement. Et quand nous avons le ballon, je veux que chacun sache où il est pour trouver les placements de ses coéquipiers, en jouant simple. Pour moi, le plus simple, c'est une touche, deux touches. C'est le plus compliqué à faire, mais c'est ainsi que je vois les choses.
Je suis plutôt un coach qui aime avoir des joueurs polyvalents, capables de jouer au moins deux postes, soit latéral, soit un cran au-dessus. Mis à part certains postes qui sont vraiment spécifiques et bien définis.
Actuellement, je joue avec un système à trois derrière, mais si je sens que ça ne se passe pas bien, je bascule sur un système à quatre. Je veux qu'ils maîtrisent les deux systèmes, parce que je m'adapte beaucoup à l'adversaire pour le mettre en difficulté. Donc j'alterne entre les deux. S'ils voient que ça ne se passe pas bien, je change. Mais désormais, ils savent répondre. Je suis passé sur du 3-4-3, ou alors je peux jouer en 4-3-3. Le 4-2-3-1 fonctionne aussi.
Vous avez la volonté de développer leur intelligence de jeu ?
Énormément ! Ce sont des U20, je les prépare pour la formation et pour le monde senior. Il faut qu'ils assimilent les différents schémas tactiques parce que je ne sais pas dans quel système ils seront amenés à évoluer plus tard. L'intelligence tactique ? Je passe des heures à faire des croix et des ronds. Je suis un compétiteur, je suis un passionné de foot ! Je mange foot, je respire foot, je dors foot… C'est grave. (rires)
Quelles sont les forces de cette équipe ?
C'est le mental ! Ils se font mal, nous pouvons être menés, mais ils ne lâchent rien. Et c'est ce que je veux : cet état d'esprit de ne jamais rien lâcher, d'être conquérants, d'avoir confiance. La solidarité est aussi une de leurs forces. À partir du moment où ils se respectent entre eux, qu'ils se parlent bien, ils seront solidaires sur le terrain. C'est ça que je veux ! Et en plus, ils sont très forts techniquement.

Et les axes de progression ?
Les axes de progression ? C'est tout simplement de tout faire mieux, plus rapidement et de prendre les meilleures décisions au bon moment. Actuellement, j'ai beaucoup de blessés. Ça donne du temps de jeu aux autres. Il faut qu'ils progressent dans le duel individuel, dans les contacts. Parce que là, ce sont des U19 qui jouent en U20 et c'est un championnat physique. Il faut qu'ils gagnent en maturité et dans l'impact physique. Être beaucoup plus présents, jouer plus rapidement et gagner tous leurs duels pour encaisser moins de buts. En nombre de buts, nous sommes la meilleure attaque. Mais si nous voulons vraiment être performants, il va falloir encaisser le moins de buts possible.
Je suppose qu'il y a des leaders naturels ?
Oui, bien sûr, il y a plusieurs leaders.
Qu'est-ce que vous leur demandez à ces leaders naturels ?
De ces leaders naturels, j'attends qu'ils tirent l'équipe vers le haut. Ce ne sont pas forcément des joueurs qui vont crier, je n'en ai pas. Ce sont plutôt des personnes qui encouragent. À cet âge-là, c'est très compliqué. Ils tombent vite dedans, nous pouvons être menacés. J'ai peur qu'ils répondent, parce qu'ils ont du caractère, mais je ne veux pas qu'ils… J'ai peur de la violence, en fait. J'ai peur que ça parte en bagarre. Et moi, ce que je veux, c'est que les leaders soient là pour canaliser leurs coéquipiers afin d’éviter que ça s'embrase. J'attends aussi qu'ils soient mes relais. Il faut que ce soient mes relais sur le terrain. Mes relais !
Et ils ont des prénoms ces leaders ?
Oui, j'en ai plusieurs ! J'ai les capitaines. J'ai Danilo, j'ai Leny, j'ai Johan, j'ai Ahmed, il y aussi Ethan et Paolo. Et après, j'ai des anciens qui nous ont rejoints cette année. Tout comme Denzel, ce sont des joueurs qui doivent apporter grâce à leur expérience.
Les valeurs que vous souhaitez transmettre à ces jeunes adultes ?
Les valeurs ? Le respect, la discipline et la tolérance. Le football, c'est devenu compliqué avec les bagarres, les insultes. Tout le monde s'insulte. Moi, je ne veux pas de ça ! Je veux que ce soit pendant le match qu’ils se mettent dessus, si je peux dire, mais qu’à la fin ce soit merci, au revoir. Je leur dis parfois « vous voyez, au rugby ils se mettent dessus, mais à la fin, ils se serrent la main. »
Pour moi, c'est ça ! C'est le dépassement de soi, le don de soi, se faire mal, répéter les efforts. C'est le respect, le plaisir. Le plaisir de se retrouver, d'être en groupe, de partager. Tout cela, ils s’en souviendront toute leur vie !

Qu'est-ce que nous pouvons vous souhaiter pour cette saison ?
Ce que vous pouvez nous souhaiter ? D'atteindre le top 3 pour participer aux play-offs ! Et ces play-offs pourraient aboutir à une montée en Senior Régional 3. C'est une passerelle incroyable ! Sachant que nous venons des U17 2, si nous y arrivons, ce serait une immense fierté pour eux, pour nous tous.
Mais avant, nous souhaiterions faire bonne figure jusqu'à la fin. Ne pas avoir de blessés, parce que c'est compliqué. Pas de bagarres, de la réussite et surtout beaucoup de plaisir. C'est vraiment le grand mot ! Et ceci, sans oublier de s'amuser.
Concernant les jeunes ? J'ai beaucoup de joueurs qui font des études et même des hautes études. J'en ai cinq ou six. J'en ai deux en classes préparatoires. Et il faut le gérer parce qu'ils ne peuvent pas toujours s'entraîner. De plus, ce sont des joueurs cadres. J'en ai également au CIV à Valbonne, j'en ai aussi en STAPS. C'est un groupe… où il y a la tête et les jambes. C'est vraiment ce qui le caractérise : ce sont des joueurs intelligents. C'est ce que j'ai voulu construire et c'est un bonheur à coacher ! Et c’est gratifiant pour l'image du club. Je ne veux surtout pas qu’on dise « Saint-Laurent, ce sont des voyous ! ». Mon souhait serait qu’on dise « Saint-Laurent, c'est une belle équipe ! Ils jouent au ballon, ils représentent bien la ville. ».
Dernière question. Quelles sont vos prochaines « grosses » échéances ?
Nous avons deux matchs contre des mal classés chez nous pour terminer la phase aller. Si nous les négocions bien, nous serons sur le podium. Voire plus haut encore. Ensuite, sur la phase retour, nous jouerons toutes les équipes du haut du tableau à domicile. Ce seront tous des matchs « revanche » qu'il faudra gagner chez nous. Et si nous les gagnons, nous ne serons pas loin du compte à la fin.
Un dernier mot coach ?
Si vous me permettez je souhaiterais terminer notre échange en remerciant grandement Serge et Seb. Mes deux fidèles adjoints sans qui ce projet sportif et humain n’aurait pas vu le jour ni atteindre l’élan collectif et la réussite que nous partageons aujourd’hui.
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