Publié le 14/04/20 par Martial Hespel

Gérard Rémond : " La saison prochaine s'annonce passionnante "

Le président du Volley-Ball Stade Laurentin travaille déjà à la préparation de la saison prochaine d'une équipe féminine qui évoluera pour la 3e année consécutive en élite

Le gymnase Pagnol ne résonne plus. Les smashs, les blocks victorieux, les défenses héroïques des joueuses de Pascal Drouot sont rangés aux oubliettes jusqu'à la saison prochaine. Aujourd’hui, la salle du volley-ball laurentin s’est muée en lieu d’accueil pour les sans domicile fixe. Le Covid-19 est passé par là avec son lot d’interdictions, de règles à suivre avec confinement prolongé jusqu’au 11 mai par le Président de la République. Le monde sportif a subi dès le départ les affres de ce virus. Et le monde du volley-ball laurentin a été frappé comme les autres par l’annonce du président de la FFVB, Eric Tanguy, de l’arrêt des compétitions amateurs. Une nouvelle vécue comme frustrante mais qui permet à l’équipe féminine de Pascal Drouot d’obtenir officiellement son maintien pour la deuxième année consécutive en Elite. Son président, Gérard  Rémond, a accepté de revenir avec nous sur cette période « irréelle » où règne de nombreuses incertitudes mais aussi une impatience de renouer avec les joutes en élite.

Comment avez-vous vécu cet arrêt brutal de la compétition ?

C’était très particulier. Nous avions à chaque heure, une vérité différente. Le jeudi soir, notre équipe Elite féminine s’entraînait pour préparer la rencontre du samedi. Et d’un coup, alors qu’elles s’apprêtaient à prendre l’avion pour leur déplacement, la Fédé a stoppé le championnat. En l’espace de 24 heures tout a basculé. Le mardi, le Président annonçait le confinement. Et du jour au lendemain, ce n’est pas seulement le championnat qui s’est arrêté, mais l’ensemble de la vie sportive du club avec l’arrêt des entraînements dans toutes les catégories et la fermeture de la salle.

Comment s’est opéré le confinement pour vos joueuses ?

Ce n’est pas évident. Il a fallu rapidement s’organiser, car nous avions des joueuses étrangères et nous ne savions alors pas si nous allions reprendre ou pas. Certaines sont rentrées chez elles, d’autres, je pense notamment à notre Américaine et à notre Bulgare sont toujours ici, seules, dans leur studio. Elles attendent de pouvoir repartir et s’organisent comme elles peuvent pour s’entretenir.  C’est extrêmement contraignant pour des joueuses professionnelles qui, même lors des périodes sans compétition, poursuivent leur entraînement. C’est une situation inédite pour tout le monde.

Et comment vivent-elles cette période ?

Ca dépend. Pour l’anecdote, nous avions trois joueuses dans un appartement et un jour le voisin du dessus a appelé le propriétaire de l’immeuble pour signaler que chaque jours aux environs de 17 heures la structure tremblait (rires). En fait, il s’agissait simplement des filles qui organisaient tant bien que mal des séances pour se motiver. Plus sérieusement, le confinement à plusieurs est plus supportable. En revanche, pour celles qui se retrouvent isolées, sans leur famille, c’est évidemment beaucoup plus difficile à vivre.

Comment envisagez-vous l’avenir  ?

Pascal (Drouot) travaille déjà sur l’effectif pour la saison prochaine. Il y aura bien évidemment des ajustements comme chaque année. On n’a pour l’instant pas une vision exacte du budget dont nous disposerons la saison prochaine. Il existe encore des incertitudes à lever notre futur budget surtout en matière de sponsoring privé, où nous ne maîtrisons pas ce qui va intervenir dans les prochaines semaines. En revanche, nous avons reçu des assurances de la part des collectivités (région, département et ville de Saint-Laurent-du-Var) et de nos subventions. A  la mi-mai, nous devons déposer notre dossier à la DNACG, le gendarme financier du volley, en sachant que pour le moment nous n’avons pas pu réunir tous les éléments. Nous y travaillons d’arrache-pied mais on ne peut pas savoir encore quand cette crise se terminera et dans quel état chacun d’entre nous va en sortir. Enfin, contrairement à d’autres, nous avançons avec un relatif confort car le maire de la commune, M. Joseph Segura a été réélu au premier tour des municipales ce qui nous permet de continuer à travailler tout en espérant légitimement que la subvention soit reconduite. C’est une relative sécurité. Nous savons tout de même à quelque chose près où nous allons.

Et sur le plan sportif ?

La saison prochaine s'annonce passionnante. Si la montée de Monaco en Elite est confirmée, ainsi que la relégation de Mougins dans notre championnat, nous allons nous retrouver à trois ! Ainsi, le recrutement sera très serré et on devra sans doute faire venir des joueuses de l'extérieur du département. Ce qui coûte le plus cher avec elles, ce n'est pas tant le salaire, mais surtout les frais de logement. Sur la Côte, nous pouvons loger une fille pour le même prix que trois dans le nord par exemple. C'est une réalité et nous ne pouvons y échapper. En revanche, avec deux équipes proches de nous, on devrait avoir deux longs déplacements en moins. Encore que, on ne sait pas encore qui va se réengager et on pourrait se retrouver avec une poule de dix et non de huit équipes et donc d'autres voyages.

L’élaboration du budget s’avère donc un véritable casse-tête...

J’allais dire comme chaque année. Face à cette crise, il existe des éléments évidemment négatifs mais aussi un peu de positif. Nous avons et allons bien évidemment perdre des recettes buvettes pour nos matches à domicile mais en revanche,  nous allons réaliser quelques économies sur nos déplacements et cela même si nous avions acheté nos billets tôt dans la saison pour bénéficier de réduction. Nous avons ainsi pu trouver un accord avec la compagnie Air France pour que les billets puissent être (ré)utilisés la saison prochaine. Nous espérons qu’Easy Jet en fera de même. Nous avons aussi des idées pour réaliser des économies, notamment en conservant nos jeux de maillots pour l’an prochain.

Comment appréhendez-vous aujourd’hui la gestion du haut niveau ?

Sur le plan de l’organisation et du stress, c’est un autre monde. Le club a découvert le niveau Nationale 3 avec les filles et les garçons en même temps en septembre 2014. Tout est allé ensuite très vite notamment avec nos féminines. C'est ici la relative faiblesse du club (sourire). Nous avons eu une crise de croissance très rapide et nous sommes donc un peu fragiles quand ce type de situation se présente puisque nos fondations sont récentes. Elles ne sont pas étayées pour tout mettre en place. Rien ne s'improvise. Il faut s'organiser et nous avons de gros chantiers pour stabiliser les choses. Je suis en constante relation avec mon trésorier, mon secrétaire général et bien entendu Pascal qui me rend compte régulièrement de ce qu'il fait en termes de recrutement et des besoins financiers dont il aurait besoin. Nous faisons des bilans entre nous et je reste en contact avec les entraîneurs. Il le faut car après une si longue coupure on ne sait pas comment on va retrouver chacun. Il faut garder les liens.

Et cette reprise comment l’imaginez-vous?

Pour l’instant, c’est un peu flou. Nous savons seulement que le confinement durera jusqu’au 11 mai, mais après nul ne sait encore ce qui va se passer. Il faudra que nous organisions cette reprise de façon très minutieuse, surtout après une si longue coupure. Je me répète, mais une telle situation ne s’est jamais produite. Pour certains de nos licenciés, je pense qu’ils renoueront avec le volley, si cela s’avère possible cet été, en pratiquant sur la plage du beach. A Saint-Laurent-du-Var, nous avons la chance d’avoir deux terrains. Ce n’est évidemment pas la même discipline qu’en salle, mais ça permettra de retrouver des sensations et de se remettre dans le coup. Si on nous autorise à pratiquer, je pense que nous allons avoir plus de monde que jamais sur nos terrains. Et puis ça va faire du bien aux jeunes de se défouler. Au-delà de l’aspect purement sportif, ça nous donnera l’occasion de nous retrouver et de partager à nouveau des moments ensemble. C’est aussi ça la vie d’un club et d’une association.