Entre deux visioconférences, Philippe Grégori, le président du Stade Laurentin Rugby a pris le soin de composer le numéro de téléphone de la rédaction, s'excusant pour nos appels restés précédemment sans réponse. "Je n'arrête pas en ce moment, mais pas forcément pour de très bonnes nouvelles." Alors que depuis le début de l'année, le président était parvenu à inclure de nombreux créneaux d'entraînements entre le mercredi, le samedi et le dimanche qui est réservé aux seniors, il doit se résoudre à repenser son organisation suite aux dernières annonces préfectorales. "Déjà qu'il y a un grand manque avec l'absence de match, tournoi et plateau..."
Le protocole très strict ne doit donc être appliqué qu'une fois par semaine, le mercredi. Gel hydroalcoolique pour tout le monde, les vestiaires condamnés, l'interdiction des contacts pour les séances et les parents résignés à boire le café sur le parking, faute de buvette utilisable. Le club a nommé un "Covid Manager", présent sur place, formé à détecter les moindres signes suspects de contamination. "Je touche du bois, pour le moment, nous sommes relativement épargnés. Il faut dire qu'avec aussi la désinfection des ballons, nous appliquons à la lettre le protocole de la FFR."
Si jusqu'à maintenant, le président du club n'a vu que très peu de désaffection - hormis quelques uns chez les seniors pour qui s'entraîner le dimanche matin est difficile après une semaine sur les chapeaux de roues en raison de couvre-feu - il espère qu'il en sera de même à l'avenir malgré de nouvelles restrictions. "Nous, on est là pour conserver ce lien social. C'est très important. Les éducateurs parlent beaucoup avec les enfants et même les parents peuvent eux aussi se voir sur le parking et discuter entre eux. Mais le plus difficile c'est le manque de visibilité : nous n'avons aucune idée de la reprise des matchs, que ce soit pour les seniors ou les enfants."
Sur un plan financier, le club est aujourd'hui à l'équilibre. S'il est dépourvu de recettes mais aussi des donations des partenaires privées, la tenue des subventions de la municipalité et l'absence des frais de lointains déplacements des seniors font que la sonnette d'alarme n'est pas tirée. Malgré tout, Philippe Grégori prévient que si la saison, notamment de l'équipe fanion, venait à reprendre, il y a aurait un point de non retour avec des déplacements plus ou moins lointain et faire voyager une équipe de rugby, avec une trentaine de personnes à déplacer, staff compris, ça ne se fait pas grâce à un coup de baguette magique. "Si on reprend le championnat, sans buvette et sans sponsors privés, ça va être difficile. On a un peu de trésorerie mais on va devoir trouver des fonds ailleurs. Nous avons deux personnes au comité d'administration qui s'en occupe."
En attendant, chacun espère que le confinement partiel ne sera que temporaire. S'il venait à s'étaler dans le temps, il sonnerait la fin des espoirs des seniors de retrouver une activité. Seul le mercredi permettrait d'assurer le service minimum. Au terme de notre échange téléphonique, la sonnerie d'une visioconférence retentit. Les nouvelles s'accélèrent...