Publié le 24/06/20 par Martial Hespel

Le Stade Laurentin Football face aux conséquences financières du Covid-19

Le trésorier Florian Sabiaux revient sur les difficultés liées au confinement et les différents challenges qui attendent le club

« C'est le flou total. On navigue à vue... », ne peut que constater Florian Sabiaux, le trésorier du Stade Laurentin Football. Si la reprise des entraînements des sports collectifs est effective depuis ce lundi 22 juin, la Fédération Française de Football est pour le moment silencieuse au sujet du timing de reprise des compétitions. Au niveau des grandes fédérations européennes, la FFF est la seule, suite aux décisions du gouvernement, à voir ses activités sportives à l'arrêt. Conséquence, il est impossible pour les dirigeants de tabler sur un chiffre, même approximatif, du nombre de licences enregistrées pour la saison 2020-2021.

« On espère revoir nos licenciés, notamment les jeunes, pour la reprise. Mais pour le moment le rouage des renouvellements de licences est à l'arrêt. Beaucoup de parents – et on peut le comprendre – vont je pense attendre le dernier moment avant de reprendre une licence s'il n'y a pas rapidement des certitudes. Là, ils ont payé une licence complète pour de nombreux mois d'arrêt. » Les recettes des licences représentent environ 40% du budget total du club explique Florian. Les dirigeants ont-ils pensé à un éventuel remboursement ? « On aurait mis la clé sous la porte et les parents l'ont compris. Si nous avions fait des avoirs au prorata du nombre de mois où leurs enfants ont pu jouer, c'était fini pour nous. »

Contrairement à plusieurs municipalités et clubs rivaux, les Laurentins ont vu le maire être réélu au premier tour et selon toute logique la municipalité devrait reconduire une subvention qui représente 40 % du budget du club. « Le président Thierry Jaeger est en étroite relation avec le service des sports. On peut espérer une subvention similaire mais on sait que la voir grimper sera très difficile. La municipalité, en raison de la Covid 19, a dépensé beaucoup d'argent et pour elle aussi rien n'est simple, on le comprend. »

Gros point noir, en raison des événements, l'annulation du 39Jean-François Daniel, tournoi majeur du club qui se déroule le week-end de Pâques sur trois jours. "Au-delà de l'événement phare qu'il représente, cette annulation entraîne forcément pour nous une perte sèche très importante", explique le trésorier. « C'est ce tournoi qui souvent nous permet de sortir la tête de l'eau grâce à de grosses marges qui nous aident à l'établissement du budget de la saison suivante. » Les tournois, les recettes et autres événements organisés, représente 10% le budget du club.

Autre interrogation, le mécénat. Il représente également environ 10 % du budget du club.  « Nous sommes en relation avec nos partenaires privés : on les suit et ils nous suivent avec fidélité. Malheureusement, cette fois, pour beaucoup, ce n'est pas qu'ils ne veulent plus nous aider, c'est juste qu'ils ne peuvent plus. Tout du moins, leur été sera charnière pour leur prise de décision finale. Nous avons eu des promesses, mais toujours rien de concret. Un de nos partenaires majeurs, patron de boîte de nuit à Nice, n'ouvrira pas au mieux avant septembre et avant d'aider les autres devra réussir lui-même à se relever. En outre, énormément de nos partenaires ont connu un grand coup d'arrêt et ce n'est pas peut-être pas fini... »

Autre challenge à relever, la mise en place d'un effectif solide de l'équipe fanion au moment de la montée en PHA. « Même si ce niveau est loin d'être inconnu pour le club, cette fois c'est particulier. On ne s'est pas vraiment posés la question de savoir si nous allions accepter la promotion ou non car de la PHB à la PHA la passerelle financière n'est pas expansive. En revanche, si cela concernait à ce moment là une montée au niveau régional, nous n'aurions pu l'honorer. Déplacements, primes etc... C'était impossible. Là, nous allons essayer au mieux de trouver le juste milieu. »

Et puis, la majorité des 470 licenciés du club alimente les équipes de jeunes avec des éducateurs qu'il faut défrayer. « J'ai 43 ans et je suis dans le football depuis un quart de siècle. A l'époque, le football, c'était du bénévolat. Aujourd'hui, selon leur diplôme et leur module, les éducateurs demandent des défraiements et c'est normal. Si on ne peut pas s'aligner, ils vont à la concurrence. On va devoir la jouer serré cette fois car il sera sans doute difficile de satisfaire tout le monde. »

Enfin, que penser des millions d'euros que la FFF va déverser au secours du football amateur ? « Sur le papier, ça représente une somme énorme oui. Mais divisé au nombre de clubs du pays... On ne compte là dessus pour s'en sortir. On travaille, on en apprend tous les jours. On va compter sur nous, nos licenciés et nos partenaires ! La PHA, on y va, avec plaisir, malgré les contraintes actuelles. On va croiser les doigts, être optimistes mais quand on voit ce qui se passe en Allemagne et dans le tennis... Il faudra beaucoup de patience et s'accrocher, tous ensemble. »