Les basketteurs du Stade Laurentin nous font penser à Sisyphe, ce personnage de la mythologie grecque. Outre le fait d'avoir fondé la ville de Corinthe, Sysiphe était connu pour le châtiment qu'il avait reçu des dieux. Pour oser avoir défié ces derniers, le pauvre bougre fut condamné à pousser pour l'éternité, dans les contrées hostiles du tartare, une énorme pierre ronde jusqu'au en haut d'une montagne. Sauf qu'à chaque fois qu'il s'apprêtait à atteindre le sommet, pensant que sa peine était terminée, le rocher retombait irrémédiablement au pied. Et tout était à refaire. C'est un peu le supplice que connaissent les Laurentins : englués plusieurs années de suite dans les eaux troubles du classement de Nationale 3, ils n'ont obtenu leurs maintiens successifs qu'à la faveur de repêchages de la Fédération Française de Basket-Ball.
L'an dernier, au terme d'une saison cauchemardesque, la direction du club avait choisi de prendre un nouveau virage sans pour autant céder à la tentation de tout jeter aux orties. Ainsi, l'entraîneur, Alan Séméria fut maintenu à son poste tout comme une partie de l'ossature d'un groupe dont le plus grand mérite avait été de ne pas exploser en vol.
Sur la base d'un projet plus ambitieux, plusieurs recrues de qualité avaientg poser leurs baluchons. Plus homogène, l'escouade de Paco Kiledjian rêvait d'un nouveau destin. Hormis une lourde défaite concédée à Montélimar, les deux victoires remportées sur leur terre face à Menton et Cagnes, son adversaire de toujours aux forceps, avaient confirmé la tendance et levé certaines interrogations avant le coup d'arrêt de la Covid-19.
" On est très frustrés, lance l'ailier de l'équipe. Nous avons un groupe assez talentueux et finalement nous n'avons que très peu joué ensemble. On se dit que ça reviendra sûrement un jour et qu'à ce moment-là il faudra être prêt car toutes les autres équipes sont dans la même situation. Et puis nous voulons nous racheter de la saison dernière et prouver que le SLB a largement sa place à ce niveau."
Un flot d'incertitudes
Pour Kiledjian, une nouvelle saison blanche semble inenvisageable et il souhaite qu'une solution soit trouvée. "J'espère vraiment que la fédération va réussir à mettre en place un système pour permettre à la saison de se terminer tant bien que mal. Tout annuler me paraît impossible... Il faut des montées et des descentes, même si ça sera cruel pour certaines équipes." Il y a quelques semaines, la FFBB a mis en place pour le niveau Nationale 3 un nouveau calendrier. A l'époque, le gouvernement avait évoqué une reprise en salle des seniors le 20 janvier. Le Stade Laurentin Basket-Ball aurait dû se déplacer à Saint-Vallier le 13 février, mais tout est tombé à l'eau et semble devoir être remis aux calendes grecques.
"Alan (Séméria, l'entraîneur ; ndlr) essaye tant bien que mal de nous maintenir concerné par ce championnat. Ce n'est pas évident, mais il garde contact avec toute l'équipe, collectivement, individuellement et essaye de nous donner un peu de courage face à la situation. Il nous met régulièrement au parfum sur la situation et évoque les discussions qu'il tient avec la Présidente du club et les dirigeants de la Ligue."
Chacun essaye alors de se tenir au mieux en forme, tout du moins, de mettre en place un entretien physique digne de ce nom. Mais pour Kiledjian, si cette formule pouvait tenir un temps, le quotidien du sportif manque énormément. "Faire du sport dans son salon c'est sympa mais ça va une ou deux semaines. Et puis le ballon nous manque tellement, les changements de directives font qu'on ne voit pas le bout du tunnel, ce qui est d'autant plus dur." La dernière date évoquée par les autorités, le 20 janvier, est désormais consommée. Depuis, les basketteurs laurentins au même titre que l'ensemble de leurs homologues errent dans un océan d'incertitudes en espérant de pouvoir retrouver, non pas le chemin d'Ithaque, mais des parquets.