Quelle(s) émotion(s) avez-vous éprouvée(s) en apprenant que vous alliez porter la flamme olympique ?
Sur le moment, je trouvais cela normal. J’étais certes fier, surtout après en voyant la photo avec tous mes copains. Mais bon, pour moi, ce n'était pas exceptionnel. Alors que ça l’est tout de même un petit peu. À l’époque, c’était pour moi aussi naturel que si je faisais une partie de foot. (rires) J’étais capitaine de l’équipe de France de judo à cette période. Pour moi, c'était presque normal de la porter, la flamme.
Pourriez-vous nous éclairer sur les raisons de votre sélection en tant que porteur de la flamme olympique ?
Alors là, je ne sais pas ! Je suppose que c’était parce que j’étais le plus titré. J’ai toujours été international dans le judo et j’ai reçu aussi plusieurs médailles de la ville. Et puis avec mon frère, nous étions dans l’équipe du RC Nice. Nous l’avons aidé à monter en National. Nous avons commencé le rugby en « honneur », ça s’appelait championnat de Provence à l’époque. Nous avons gagné et nous sommes montés en troisième division puis en deuxième division. Moi, je faisais les allers-retours entre ici, le rugby, et Paris, le judo. Et ensuite, nous avons encore gagné et nous sommes montés en National. Et c’est en National que je me suis blessé…
Quel a été votre trajet en tant que porteur de la flamme olympique pour les JO de Grenoble en 1968 ?
C’était le pont du Var ! J’ai tout simplement traversé le pont du Var. Je crois que c’est Clément Fossa, un coureur de 1500 mètres de Saint-Laurent, qui me l’a transmise. Je ne me rappelle plus s’il avait été champion de France, mais c’était un bon au niveau régional. Ensuite, j’ai remis la flamme en parachutiste après avoir passé le Var.
Quand vous avez remis la flamme olympique et que vous avez vu qu’il fallait traverser le pont, qu’est-ce qui vous est passé par la tête ?
Non, je n’ai pas vraiment pensé à quoi que ce soit à ce moment-là. Je ne m’en rappelle plus, en tout cas.
Aviez-vous peur que la flamme olympique s’éteigne au moment de la récupérer ?
À 24 ans, on n’a peur de rien ! On a toute la vie devant soi ! Cependant, je me suis blessé à l’âge de 25 ans.
Le fait d’avoir été porteur de la flamme olympique a-t-il eu des répercussions sur votre carrière sportive ou votre vie personnelle ?
Non, cela n’a pas vraiment eu d’impact. Nous étions déjà un grand club de judo et nous avions une bonne affluence. Oui, bien sûr, il y a eu des félicitations. Mais sans plus.
Est-ce que vous avez ressenti tout de même une certaine fierté ? Parce que vous m'avez indiqué que « vous étiez jeune, que limite c'était naturel » ?
Plus le temps passe, plus j'ai de la fierté !
Alors, pourquoi êtes-vous fier de cet honneur aujourd’hui ?
Parce que, bon, les Jeux Olympiques, c'est quelque chose de prestigieux. Et parce que j'ai eu la malchance de ne pas faire les Jeux de 1964. Pour ces Jeux, nous avions le droit à quatre participants et le système de tirage au sort était « direct ». C'est-à-dire qu’avec deux participants par catégorie, il y avait un français qui n’était pas avec un japonais. À l’époque, les judokas japonais étaient imbattables. Ils ont mis deux légers, deux moyens et pas de poids lourds. Mais si j'avais pu combattre, et si j’étais en forme, il y avait une place sur le podium ! Il y avait au moins un gars que je battais… Je n’ai pas été sélectionné et fatalité, aucune médaille n’a été remportée par les quatre judokas* français de cette année-là. Après, j’ai survolé ça, sans amertume.
* Le Berre, Grossain, Lesturgeon et Bourreau.
Quel conseil donneriez-vous à un futur porteur de la flamme olympique, avec le recul que vous avez maintenant ?
Le conseil que je donnerai est simple : « Soyez digne ! ». En réalité, je n’ai pas de conseil spécifique à donner. Porter la flamme olympique est en soi une reconnaissance de votre passé sportif.