“Je suis si heureuse pour elle. C'est mon amie, c'est une belle personne. Et elle mérite tellement cette médaille d'or”. L'émotion affleure dans la voix de la Laurentine Clémence Eme, quelques heures après la finale olympique décrochée, mardi 27 juillet, par sa copine et partenaire d'entrainement Clarisse Agbégnénou (en -63 kg). Une journée qui a commencé tôt pour tous les soutiens de la judoka française. “Notre club, le RSC Champigny, avait organisé un rassemblement pour suivre tous les combats de Clarisse en direct. De 4 heures du matin jusqu'à midi, il y avait tout le staff, le président du club, les entraineurs, les préparateurs physiques, les licenciés… et aussi des chaînes de télé”, rembobine Clémence Eme, qui dès l'adolescence est partie s'entrainer à Paris pour se frotter aux meilleures judokas françaises. C'est donc tout le club réuni qui a poussé derrière sa championne malgré la distance. “On a tout filmé, on sait le handicap que cela représente d'être loin de ses soutiens, de sa famille dans un événement pareil”, explique Clémence. “On voulait vivre ça ensemble. Et on partagera ce moment avec elle à son retour”.
Dans le golden score, quand Clarisse Agbégnénou parvient enfin à déséquilibrer la redoutable Slovène Tina Trstenjak, championne olympique en titre, c'est le bonheur qui se projette sur tous les visages. “C'est une bosseuse. Une personne qui s'engage à fond dans tout ce qu'elle fait. Après le report des Jeux, l'année dernière, elle était très fatiguée, la préparation avait été usante. Elle a su trouver une motivation ailleurs pour se défaire de cette frustration, elle a su passer outre", décrypte notre championne locale. C'est un modèle, "un moteur pour tous ceux qui la côtoient”, ajoute encore la protégée de José Allari et Manu Armitano. “Je m'entraine tous les jours avec Clarisse, que ce soit à l'INSEP ou dans notre club de Champigny-sur-Marne. Cela me permet de me confronter avec quelqu'un de très fort, elle me fait progresser”, ajoute Clémence Eme.
Les beaux résultats des Françaises lors de ces Jeux ne sont pas sans donner des idées à la Laurentine, 3 ans avant le grand rendez-vous parisien. “Bien sûr que j'ai des fourmis dans les jambes. Cela fait un an et demi que je n'ai pas fait de compétition internationale. En plus, j'ai eu une grosse frustration en fin d'année. J'étais qualifiée pour les championnats du monde de Budapest par équipe mais je n'ai pas combattu. J'ai été heureuse de la médaille d'argent décrochée collectivement par la France, mais tellement frustrée à titre individuel !” A 24 ans, la jeune femme est dans les starting blocks, décidée à mettre une nouvelle inflexion à sa carrière. “Tout cela m'aide, je me dis qu'il faut être à la hauteur parce que la France, on le voit, c'est avec le Japon le sommet de ce que l'on fait en matière de judo”.
L'été de Clémence passe, comme toujours, par Saint-Laurent-du-Var. Pour un triptyque famille, amis… et judo. “Pour la Fédération, après le gros stage de préparation pour les filles des J.O., on est en pause. Moi, je continue à m'entrainer au Stade Laurentin Judo. C'est la famille, je travaille en sensations, j'apprends de tout le monde. Depuis deux ans, j'ai varié énormément mon panel technique tout en gardant les racines de mes apprentissages laurentins. Je réactive tout ça avec les conseils de Manu, de Jonathan…"
Conjugués à ceux de Clarisse Agbégnénou et de tous les grands judokas qu'elle côtoie à Paris, c'est, à n'en pas douter, un cocktail gagnant pour que notre championne laurentine étoffe encore son beau palmarès.